Les coups de coeur

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Éric-Emmanuel Schmitt

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Éric-Emmanuel Schmitt

C'est bienvaillent, c'est la tolérance en quelques mots, en une histoire courte, c'est dire que les religion devraient être en paix entre elles, c'est montrer que toutes les cultures peuvent se confondre et qu'elles apportent sa richesse au monde. C'est doux, c'est réconfortant et ça montre la magie du melting pot qui forme l'amour. 

Mélanie

Louise Amour, Christian Bobin

Louise Amour, Christian Bobin

Bobin c'est une écriture poétique, des métaphores toujours plus étincelantes et belles, des réflexions sur l'icône religieux, la solitude, le rapport au tandem entre le réel et l'imaginaire et son amour pour la littéraire et l'évasion procurée. Louise Amour, c'est plus qu'une histoire d'amour !

Mélanie

Le Chef d'oeuvre inconnu, Honoré de Balzac

Le Chef d'oeuvre inconnu, Honoré de Balzac

« La quête inachevée de l’Absolu »

Le Chef-d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac est une nouvelle publiée pour la première fois en 1831. L’auteur ne cessera de la remettre sur le métier pour en parfaire le récit, en la plaçant au cœur de sa comédie humaine comme une réflexion théorique sur l’art.

Car oui, cette courte narration qui s’écrit à travers les voix des maîtres Porbus et Frenhofer, accompagnées d’un jeune peintre qui s’avèrera être Nicolas Poussin, est une démonstration des limites de la représentation du réel en peinture – et plus largement en art. Face à une leçon de peinture donnée par Frenhofer, vient s’immiscer le schéma de la quête ineffable de l’artiste à vouloir imiter le réel. En effet, Balzac note la subtile différence qu’il y a entre vouloir imiter la réalité et l’exprimer, entre ce qui est vu et ce qui est ressenti. Une peinture comme mimesis du réel ne vaut rien si elle s’appuie uniquement par la technique du trait car « Vous faites à vos femmes de belles robes de chair, de belles draperies de cheveux, mais où est le sang qui engendre le calme ou la passion et qui cause les effets particuliers ? ». L’essence de l’art n’est pas de copier le réel mais de donner vie au sujet. Sans cette tentative de déceler l’invisible, la peinture devient insipide. Et c’est ainsi qu’apparait toute la difficulté à laquelle l’artiste doit se confronter.

En effet, une fois que l’artiste comprend qu’il doit poursuivre cette quête pour prétendre créer un chef-d’œuvre, il confère que seul le travail acharné et la remise en cause constante peuvent l’y conduire car « La beauté est une chose sévère et difficile qui ne se laisse point atteindre ainsi ; il faut attendre des heures, l’épier, la presser et l’enlacer étroitement pour la forcer à se rendre. ». Et c’est là tout la singularité de l’œuvre de Balzac puisque lui-même va remanier son texte de nombreuses fois, comme une mise en abyme entre le récit et la fabrication de l’oeuvre elle-même. Balzac écrit sur la poursuite de l’indicible en art mais tente lui-même de mettre en mots un fait qui semble-t-il fait uniquement appel au ressenti. Une tentative stérile qui peut émouvoir tant elle est pure et belle mais qui s’avère aussi être dangereuse – elle mène Frenhofer à la mort.

Balzac montre la place du doute, du génie et de la folie en cœur de son essai. Il explique que la persévérance et l’étude sont primordiales dans la création si on souhaite aller au-delà de la représentation mais qu’une overdose mène à une pensée destructive qui tourmente l’art, broie l’œuvre et tyrannise l’artiste. Ça va ainsi être le cas pour Frenhofer qui « […] a profondément médité sur les couleurs, sur la vérité absolue de la ligne ; mais, à force de recherches, il est arrivé à douter de l’objet même de ses recherches. ». Ce que veut dire Balzac ici c’est qu’à force de vouloir donner à voir une réalité supérieure à la simple copie du réel, une réalité qui fait ressentir, l’œuvre devient intime à l’artiste et invisible pour le spectateur – comme l’est la toile de Catherine de Lescaux sur laquelle Frenhofer va dédier dix ans de sa vie et qui s’avèrera être sous les yeux des deux autres peintres « Rien, rien ! ».

Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac aborde pour la première fois un des réflexions sur l’art qui perdure encore aujourd’hui et qui ne cessera d’hanter l’esprit du créateur.

Mélanie